Epilogue ? – Côté Fille
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Difficile de croire que déjà plus de 10 ans se sont écoulés, tant il est impossible de se projeter au moment de la maladie.
Est-ce qu’elle va supporter les traitements ? Est-ce que le cancer est plus propagé que l’on ne le croit ? Est-ce qu’elle va récidiver ?
Et bien… oui, non et pour l’instant, non. 10 ans après, je peux le dire : elle va bien.
Il y a bien sûr tous ces moments de doute et d’angoisse, dès qu’arrive le moment de ses examens de contrôle, et clairement, cette peur restera avec nous toute notre vie, car même si les cellules cancéreuses peuvent guérir, est-ce que le cancer disparaît vraiment un jour ?
Je ne crois pas.
Il reste là dans les cicatrices, il reste là dans la fatigue, il reste là dans les trous de mémoire… Ma maman va bien, mais elle est quand même abimée.
Il y a quelques années, je suis devenue à mon tour maman, et beaucoup de mes perceptions face à cette hisoire ont changé : les choses qu’elle m’a caché pour me protéger, certaines étapes qu’elle m’a évité, tout ce qui agacait l’adolescente que j’étais qui pensait pouvoir tout encaisser, je les comprends aujourd’hui.
Le cancer abîme la famille toute entière. Il abîme la malade, il abîmes les relations, il abîme les projets… mais il fait aussi grandir, et je ne serais clairement pas la même si je n’avais pas vécu cette histoire à 18 ans.
Bien sûr je suis un peu plus surveillée que les filles sans historique : des examens plus réguliers, et comme il a été découvert que le cancer était hormono-dépendant et non génétique, je fais un peu plus attention à tous les traitements contenant des hormones (coucou les contraceptifs !).
Cela m’aura rendu aussi plus vigilante, et j’espère que mon entourage se dit plus facilement de ne pas oublier de s’auto-palper de temps en temps, et de ne jamais trop repousser une mammographie de contrôle.
Mais je mesure surtout ma chance de pouvoir encore profiter de ma maman, et à 30 ans, je peux dire que j’ai appris à relativiser, et me concentrer sur les choses qui comptent.
Je me souviens toute petite, avoir vu revenir de vacances à la neige une camarade de classe avec un bras de le plâtre ; moi je trouvais ça trop triste, mais elle m’a dit que c’était pas grave, car une fois que son os serait guéri, il serait bien plus solide qu’avant. Et je crois que ça s’applique totalement à maman : le cancer l’a brisé en mille morceaux, mais l’a rendu aussi bien plus fort, et je crois qu’elle pourrait déplacer des montagnes aujourd’hui.
Alors cher cancer, aujourd’hui je te quitte.
Oh, et une dernière chose :
Fuck you, cordialement.
(et merci de nous avoir rendues plus fortes)
agathe